jeudi 26 mars 2009

Le féroce XXième siécle, R. Conquest, Quelques notes

« Lors d’un récent séminaire consacré à l’ « invasion » des films américains en France, mon vieil ami Alain Besançon objectait qu’une centaine de mièvres productions hollywoodiennes faisaient moins de mal à son pays qu’un seul philosophe français aux Étâts-Unis. »
Robert Conquest. Le Féroce XXième siècle, 2001, p.235

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« Beaucoup d’universitaires d’âge mûr – et même un nombre impressionnant – semble présenter une prédisposition au dogme, sans que l’on sache très bien s’ils ont été formés pour cela ou s’ils ont été choisis à cause de cela. Et la plupart représentent une caractéristiques particulière : l’incapacité d’admettre que tout le monde n’est pas guidé par la soif de pouvoir, et que ceux qui le sont se trouvent dans une large mesure sous contrôle ; que tous ceux qui veulent améliorer leurs revenus ne sont pas inspirés par une avidité insatioable, et que l’ordre légal, social et moral impose ses limites à ceux qui le veulent.
Ces attitudes marxistes ou semi-marxistes rappellent que, même si ce n’est pas tellement le cas aux Étâts-Unis et en Grande-Bretagne, (?????) l’université est une pépinière pour les adeptes de fausses théories, mais aussi de théories dangereuses. Le « Sentier lumineux » péruvien, sans doute le mouvement de guérilla le plus brutal du monde, a été fondé et dirigé par des professeurs d’université alors que les étudiants constituaient l’essentiel de ses troupes. En Italie, les Brigades rouges ont tiré la plupart de leurs membres des universités – en particulier de l’université de Trento, qui consistait alors surtout en un département de sociologie. »

« D’une manière plus large, comme John Maynard Keynes le disait, « les fous dans le domaine de l’autorité, qui entendent des voix, distillent les délires de quelques gribouilleurs universitaires des années précédentes. »

« ….Deux principes de base (du Marxisme) leur ont été tansmis inchangés. D’abord, que le pouvoir est la préoccupation principale et même exclusive de n’importe qui. Ensuite, que dans chaque transaction il y a un gagnant et un perdant ; que différentes parties ou « classes » puissent en bénificier ensemble est impossible. »

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« Vous qui désirez croiser ce seuil, savez-vous ce qui vous attend?
Je le sais répondit la jeune fille.
Le froid, la faim, le dégoût, la dérision, le mépris, les abus, la prison, la maladie et la mort !
Je le sais, je suis prête, je supporterai tous les coups.
Pas seulement des ennemis, mais aussi des parents et d’amis.
Oui, même d’eux…
Est-ce que vous êtes prête à commettre même un crime ?
Je suis prête pour le crime, aussi.
Savez-vous que vous pouvez être désillusionnée par vos croyances, que vous pouvez découvrir que vous vous êtes trompée, que vous avez ruiné votre jeune vie en vain ?
Je le sais aussi.
Entrez !
La jeune fille passe le seuil et un lourd rideau s’abat derrière elle.
Une imbécile ! dit quelqu’un en grinçant des dents.
Une sainte !fait quelqu’un d’autre, en réponse. »

Touguéniev.

« Une fois convertis et incorporés dans une fraternité résolue ces jeunes gens se retrouvent « engagé ». Je connaissait Gyoegy Markov, l’auteur bulgare assassiné à Londres par un agent de son pays. Enfant, lorsque les communistes prirent le pouvoir, il devint l’un des auteurs préféré du régime. Il prit la décision de passer à l’Ouest après qu’on lui eut demandé d’écrire une pièce sur les partisans communistes bulgare pendant la seconde Guerre mondiale. On lui donna accès aux dossiers de ceux qui avaient été capturés et fusillés par le régime anti- communistes d’alors. On leur avait permi d’écrire des lettres d’adieux. Markov s’attendait à y trouver du défi et des envolées de solidarité envers le parti, d’autant plus que la plupart étaient très jeunes. Au lieu de cela, il constata que la plupart écrivaient à leurs parents en regrettant de ne pas avoir suivi leurs conseils et en demandant pardon pour le mal qu’ils leur avaient fait.

Mais ce manque d’expérience s’applique à l’Ouest, également. Cela signifie que tous les cinq ou dix ans arrive un nouveau lot d’enthousiastes qui n’ont pas tiré le moindre enseignement des leçons de l’histoire réelle des totalitarismes anti-occidentaux.
Cela provient en grande partie d’une erreur assez répandue : on postule que, si les étudiants critiquent les attitudes dominantes au sein de leur pays ou de leurs familles, ils ont progressé. Ce n’est vrai que s’ils sont également capables (et encouragés à le faire) de critiquer la « nouvelle » idée avec autant de minutie et de scepticisme. »

"......rien de ce qui précède n'est destiné à nier les vertus de la jeunesse, bien que cela donne un bon aperçu des contradictions, souvent apprises trop tard, entre les idées et la vie réelle. Il n'est pas inévitable non plus que ceux qui s'engagent dans des causes plus ou moins simplistes ou utopiques perdent automatiquement leur capacité à tirer profit d'une éducation critique et bien informée. Mais nous ne pouvons qu'espérer que la jeunesse parviendra à sortir de l'impasse culturelle dans laquelle elle s'engage."

Robert Conquest, p.240-41.