samedi 14 février 2009

Extrait de La Pensée de Leonide Andreiev

Extait de La Pensée, de Leonide Andreiev (1871–1919)

« L’automne passé, par un jour ensoleillé, il me fut donné d’assister à la scène que voici : une petite fille vêtue d’un manteau melletonné et d’une capote qui ne laissait voir que ses joues roses et son nez menu, voulait s’approcher d’un minuscule petit chien aux pattes fines, au museau effilé, à la queue craintivement rabattue entre les jambes. Tout à coup elle fut prise de peur, se détourna et, comme une petite boule blanche, roula vers la bonne qui se trouvait là, puis, sans crier ni pleurer, elle cacha son visage dans les jupes de celle-ci. Et le petit chien clignait gentiment des yeux et agitait craintivement la queue, et le visage de la bonne était si bon, si simple !

« N’aie pas peur », disait la bonne : et elle me souriait de tout son visage candide et bon.

Je ne sais pourquoi, mais j’ai souvent revu ce tableau, quand j’étais en liberté, pendant que j’élaborais le plan du meurtre de Savielov. Et alors, en voyant ce gracieux groupe dans le clair soleil d’automne, j’avais un sentiment étrange : c’était comme si j’eusse trouvé la solution de je ne sais quel problème et l’assassinat que je projetais me semblait être un froid mensonge venu d’un autre monde, une monstruosité vide de sens. Le fait que tous les deux, l’enfant et le chien étaient si petits et si gracieux et qu’ils avaient si comiquement peur l’un de l’autre et que le soleil brillait si ardemment, tout cela était simple, plein d’une sagesse profonde et douce; on aurait dit que, dans la réunion de ces deux êtres, précisément, était renfermée la solution de l’énigme de l’existence. Voilà le sentiment que j’avais alors. Et je me disais : »Il faudra que je réfléchisse à cela. » Mais je n’ai pas touvé le temps d’y réfléchir. »
Leonide Andreiev, La Pensée.

Citations diverses, pêle-mêle

Citations et extraits divers. (Pêle-mêle)


« ….il suffisait de l’avoir vu une fois pour être prêt à reconnaître que dans cette âme étrange bouillonnaient de grandes qualités, mais de celles qui n’ont, ici bas, pour salaire, que la potence. » Gogol

« il déployait, à ne rien faire, une énergie inlassable. »
Saltykov-Chtchedrin

« Une heure de lecture et l’on se surprend à bailler, l’ennui vous taraude et l’on se met à frotter des yeux que le sommeil pourrait bien fermer. Ou alors, on se sent saisi d’une frénésie d’activité comme si, la tâche accomplie, il était désormais temps de passer à autre chose….Parfois, c’est le repas trop copieux qui vient alourdir les facultés mentales, ou, du moins, le peu qui vous en reste. Ou encore, on se laisse distraire en plein travail, on sort chaque jour pour aller voir des amis, on reste des heures chez soi sans rien faire, à attendre des visites. Rien que d’y penser, la honte me saisit. »
Saint Jérome, en 410 après J.C.

« Il est certain que le néant ou le faux n’est point visible ou intelligible. Ne rien voir, ce n’est point voir, penser à rien, c’est ne point penser. Il est impossible d’apercevoir une fausseté, un rapport d’égalité entre deux et deux et cinq; car ce rapport ou tel autre qui n’est point, peut être cru mais certainement, il ne peut être aperçu, parce que le néant n’est pas visible. »
Malebranche, La recherche de la vérité, L. lV.


« Le 28, passant dans les cabanes et voyant quelqu’enfant malade, je demandai à sa mère si mon frère ne l’avait point baptisé. Cette bonne femme me fit rire par sa réponse : « Ouy, dit-elle, il l’a baptisé, mais si peu que rien, baptise-le davantage, »
Paul Le Jeune, Relations des Jésuites, (au Canada) 1636.

« Quand tous vont vers le débordement, nul n’y semble aller. »
Pascal

« Quand les philosophes s’entêtent une fois d’un préjugé, ils sont plus incurables que le peuple même parce qu’il s’entêtent également et du préjugé et des fausses raisons dont ils le soutiennent. »
Fontenelle

« L'autonomie croissante de l’individu dont parle ces philosophes parisiens comme Fouillée ! Qu’ils regardent un peu cette race moutonnière qu’ils sont eux-mêmes. »
Nietzche.

« Aujourd’hui, on cherche partout à répandre le savoir, qui sait si dans quelques siècles il n’y aura pas des universités pour rétablir l’ancienne ignorance. »
Lichtenberg.

« Le spiritualisme d’une part et, d’autre part, le naturalisme (ou matérialisme) se présentent sous la figure de deux gigantesques sphinxs, face à face, s’opposant par le regard, demeurant identiques à eux-mêmes, échappant à l’érosion du temps. »
Pierre-Paul Grassé

« Les révolutions réussissent lorsque les rivières deviennent rouges de sang et ça vaut la peine de le verser si la récompense en est la pefection de la société humaine. »
Un "humaniste" grec, Aris Velouchiotis, chef EAM-ELAS

« Là où se lève l’aube du Bien, des enfants et de viellards périssent, le sang coule. »
Vasily Grossman.

« You can’t reason a person out of something he has not been reasoned into. »
Johnathan Swift.

« Mais si le corbeau pouvait se repaître en silence, il aurait plus de nourriture et beaucoup moins de compétiteurs et d’envieux. »
Horace.

« Oh! Qu’elle est grande l’antiquité du globe terrestre, et combien sont petites les idées de ceux qui attribuent à l’existence de ce globe une durée de six milles et quelques cents ans depuis son origine jusqu’à nos jours. »
Lamark

John Lightfoot, un prédicateur et exégète anglais (1642) disait que l’homme avait été crée le 28 octobre 4004 av. J.-C. à 9 heure du matin.

Jésus détestait les Pharisiens mais aimait les Républicains.

« Le premier caractère d’un fondement est d’être inaccessible à l’expérience qu’il fonde. »
Schroedinger

« L’univers, au sens stict, ne peut avoir aucun sens puisqu’il les contient tous. »
Comte-Sponville.

La bonté, dès lors qu’elle se veut politique, ne peut se solder que par l’apparition du crime et de la criminalité car, en politique, plus qu’ailleurs encore, nous ne disposons aucun moyen de distinguer entre l’être et l’apparence. »
Anna Harendt

« Les hommes qui veulent le bien de l’Humanité sont impuissants à réduire le mal sur terre…..la seule issue pour les hommes est la bonté privée d’un individu à l’égard d’un autre individu, une bonté sans témoins, une petite bonté sans idéologie. On pourrait la qualifier de bonté sans pensée. La bonté des hommes hors du Bien religieux et social. »
Vasily Grossman.

« Il ne faut pas vouloir être arrivé avant d’être rendu. »
Anonyme.

« Tous se comportent comme s’ils supposaient la présence en chacun d’une dose de liberté, puisque personne ne se prive de juger les actes d’autui. »
Todorov

« Pas de toi, pas de moi; pas de moi, pas de toi. »
Fichte

« Qu’est-ce que la vérité? »
Ponce Pilate.

« S’il vous advient de croire que tout ce que vous avez pensé de Dieu est faux, n’ayez point honte. Quand un sauvage cesse de croire à ses idoles de bois, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de Dieu, cela signifie que Dieu n’est pas une idole de bois. »
Tolstoï.

« L’oubli est la parure des braves. »
Ghandi

« Toute tentative d’imposer à l’Humanité un Bien général, obligatoire, absolu se termine par une catastrophe sanglante, semblable à celles qui ont accompagné toute l’histoire du christianisme, les mouvements socialistes ou la religion musulmane. »
Vasily Grosman

La liberté engendre l’inégalité et l’égalité tue immanquablement la liberté, ainsi la devise de la France, « Liberté, Égalité, Fraternité » n’est que des mots creux.
Ne confondons pas la liberté et la fraternité avec le mot qui les désignent. Quant à l'égalité, c'est une chimère qui n'existe et n'a jamais existé nulle part.

« Si nous confondons la chose avec le mot, c’est que nous ne la voyons pas. »
Krisnamurti.

« Le plus grand péché d’aujourd’hui, l’amour abstrait des hommes, l’amour impersonnel pour ceux qui sont quelque part au loin….Aimer les hommes qu’on ne connaît pas, qu’on ne rencontrera jamais, C’est si facile! On n’a pas besoin de rien sacrifier. Et en même temps, on est si content de soi! La conscience est bernée. Non! Il faut aimer le prochain, celui avec qui l’on vit et qui nous gène. »
Tolstoï

jeudi 12 février 2009

Extaits du philosophe Sénèque

Extraits de « La brièveté de la vie », de Sénèque. 4 –65 ap.J.-C.

Voyez comme l’Homme (et la femme, bien sûr) n’a pas changé :

« Quoi ! Appelles-tu homme de loisir celui qui passe chez le coiffeur des heures entières à se faire arracher tout ce qui leur est poussé pendant la nuit, à tenir conseil sur chaque cheveux, à faire remettre en ordre une chevelure ébouriffée ou, si elle est clairsemée, `a la rabattre de chaque côté sur le front ? Comme s’ils s’emportent si le barbier a été un peu trop négligeant, croyant raser un homme ! Comme ils s’enflamment si l’on coupe quelque peu leur crinière, si quelque détail n’est pas en ordre, si le tout ne retombe pas en leurs boucle chéries. Qui d’entre eux ne préférerait le désordre de l’État à celui de leur chevelure ? Qui ne s’inquiète pas davantage de l’arrangement que du salut de sa tête ? Appelles-tu hommes de loisir ceux qui occupent leur temps entre un peigne et un miroir….. »

« Il serait trop long de passer en revue tous ceux qui ont perdu leur vie aux échecs, à la paume, ou à se faire griller soigneusement le corps au soleil…… » (Ce « sport » n’est pas d’aujourd’hui, n’est-ce pas ?)

« Mais je te recommande de ne pas agir à la manière de ceux qui désirent non progresser mais attirer les regards, en te faisant remarquer par ton comportement ou ton genre de vie. Évite d’avoir une mine repoussante, les cheveux longs, la barbe trop négligée, une aversion déclarée pour l’argenterie, un lit posé à terre ainsi que tout autre détail qui rejoint la prétention par une route détournée……à l’intérieur, que tout e chose soit différente, que notre apparence s’adapte aux gens. »