mardi 31 mars 2009

En lisant Isaiah Berlin

« Mais Machiavel présente en parallèle les vertus chrétiennes – l’humilité, l’acceptation de la souffrance, le détachement de ce monde, l’espoir d’un salut dans l’au-delà – et il observe que si, comme il l’appelle manifestement de ses vœux, un Étât de type romain doit être établi, ces qualités-là ne le favoriseront pas : ceux qui vivent selon les préceptes de la morale chrétienne sont voués à être piétinés dans l’impitoyable recherche du pouvoir des hommes qui seuls sont capables de recréer et de dominer la république qu’il attend. Il ne condamne pas les vertus chrétiennes : il signale simplement que les deux morales sont incompatibles, et il ne reconnaît pas de critère supérieur qui nous permette de trancher entre elles. La combinaison de la « virtù » et des valeurs chrétiennes constitue pour lui une impossibilité. Il nous laisse simplement devant le choix – lui sait où vont ses préférences. »

Le bois tordu de l'humanité, Abin Michel, Idées, 1992

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